Simplement un homme

En Estonie, à l’orée d’un bois, vit un loup solitaire aux yeux bleus comme le jour : Arkaadi.

Il y a une route, une maison, un homme. Son regard bleu vient droit sur nous. Arkaadi ne bouge plus, il pose au milieu des bois. Qui êtes-vous monsieur ? «  Simplement un homme  ». Et pour qui posez-vous ? La question demeure sans réponse jusqu’au dénouement. Eeva Mägi nous rappelle que le portrait documentaire n’est pas uniquement un pas de deux, entre le filmeur et le filmé, mais bien une danse à trois où le spectateur a toute sa place. L’étonnement que suscite la mise en scène minimaliste et réflexive de la réalisatrice fait partie de la proposition du film. Que signifie mettre en scène un homme, un homme simple ? Eeva Mägi se pose sincèrement cette question et, comme pour toute affaire que l’on aborde frontalement, il en ressort une douce aberration à la limite du raisonnable. C’est cette limite qui nous interroge, nous fait rire et, finalement, constitue le pacte de ce portrait à trois. (Simon Serna)