Sur les écrans du métro ultramoderne de Pékin, des films publicitaires tournent en boucle. Dans les faubourgs, de la ville des programmes de construction contraignent sans cesse les habitants à démolir et reconstruire leurs maisons.
Dans cette représentation efficace d’une précipitation folle de la modernité chinoise, l’épanouissement supposé des vies « émancipées » s’épuise en compulsion de répétition. La mise en regard de la désolation des no man’s land boueux, où poussent anarchiquement les maisons de briques, avec la jubilation artificielle, aux couleurs saturées, des films publicitaires, fonctionne d’abord comme une classique dénonciation du spectacle permanent des sociétés modernes et de ses fins de propagande. Mais l’accélération du montage parallèle et l’emballement de la voix off font passer les deux régimes d’image par un canevas étrange où ils se mêlent en une seule et même trame. La réalité et son simulacre deviennent alors interchangeables, appartenant chacun à ce bégaiement insensé qui s’empare de tout, jusqu’au film lui-même, bientôt contaminé par la folie qu’il représente. (Antoine Garraud)
Construction Assault
Or : Bauangriff
Fr : Attaque de construction
Laura Engelhardt
Allemagne • 2014 • 7’22
VO : Allemand • ST : Fr, En
Berlin Weissensee School of Art : kh-berlin.de
lk.engelhardt@gmail.com