Nettoyer Schaerbeek

Nettoyer Schaerbeek

Farah Kassem

Conçu comme un huis-clos, le film nous enferme dans l’appartement d’une résidente d’un quartier de Bruxelles, alors sous l’alerte de menaces terroristes. Scrutant par la fenêtre les passants au téléobjectif, le regard offre une image sourde souvent voilée par des amorces de garde-corps ou de rideaux, et sur laquelle intervient régulièrement des voix alarmistes et sécuritaires relayées dans les informations radiophoniques. Un tel montage image-son induit les projections les plus déraisonnables sur la personne épiée et ce qu’elle pourrait faire l’instant d’après, jouant sur une propension au fantasme très largement exploitée dans le cinéma depuis Fenêtre sur cour.
Mais au delà d’offrir une représentation très juste du trouble hystérique post-attentat, ce film, dans une mise en scène résolument ambiguë, gagne en intérêt dans l’exploration de l’impact qu’un tel climat peut avoir sur le comportement d’une personne qui prendrait au pied de la lettre l’injonction de vigilance sans cesse diffusée par les chaînes d’informations. Il relate comment, dans un climat où tout voisin est un potentiel suspect, la crainte se retourne contre soi. À la manière d’un film d’horreur, où plus un personnage tente de prévenir le danger, moins il y échappe, le film installe une narration et une esthétique cauchemardesque qui nous figurent les mécanismes masochistes de la peur. (Raphaëlle Irace)

MERCREDI 10 AVRIL • 21H40
NETTOYER SCHAERBEEK
Farah Kassem
Belgique • 2017 • 19’
DOCNOMADS – LUCA School of Arts : www.luca-arts.be