La Jungle te connaît mieux que toi-même

En Colombie, entre la violence de la ville et la sérénité quasi mystique de la jungle, un frère et une sœur évoquent leurs sentiments face au souvenir de leur père mystérieusement disparu.

Au dessus de ce film, plane l’ombre d’un fantôme. Une âme parmi tant d’autres dans un pays déchiré par un conflit meurtrier vieux de plusieurs décennies. Si le conflit est évoqué en filigrane, rien n’y fait directement allusion. Le film – très personnel et à la fois, révélateur d’une génération sortie exsangue d’une guerre sans fin-, évoque surtout les émotions. À travers un réalisme-magique si cher à la Colombie, on perçoit la spiritualité qu’offre une forêt sombre et secrète à des enfants privés d’un amour paternel. La voix de la sœur, douce, lointaine, s’ajoute à une atmosphère déjà bien mystérieuse et susurre à l’oreille de son frère que peut-être, l’âme égarée du père aurait enfin trouvé le repos éternel. Et si ce n’était pas enfin à son tour, de vivre ? Car le passage physique du milieu urbain, hostile et brutal vers une nature vierge de toute rancœur accompagne l’évolution émotionnelle du protagoniste. Passant de l’incompréhension et du désir de vengeance, le voici touchant du doigt la lumière, la libération de la souffrance et du deuil d’un être cher. (Cécile Lambré)