Agressives, espiègles ou apaisantes, les voix qui peuplent le psychisme des protagonistes relèvent d’une altérité radicale. Elles redéfinissent les critères de partage entre le réel et l’imaginaire, trop évidentes pour ne pas exister, trop intérieures pour avoir l’autonomie des choses réelles. Dialoguant autour d’un café, leurs « hôtes » échangent sur la manière dont ils s’accommodent de leur présence, entre résistance et négociation.
Le film se divise en quatre chapitres qui répètent une mise en scène et des motifs identiques. Cette structure itérative, faite a priori pour recueillir des discours assez semblables est, paradoxalement, ce qui va permettre à chaque parole d’affirmer sa singularité en débordant le cadre prévu. Une progression se fait jour, qui va du refus des voix, tues par la médication, à leur pleine acceptation, dangereuse. À rebours d’un cinéma documentaire censé adapter son tournage aux circonstances, c’est ici dans une opposition entre une forme préexistante et un fond qui en contrarie les attentes que le réel se manifeste dans ce qui le définit le plus essentiellement : son caractère toujours fuyant et insaisissable. (Antoine Garraud)
La Réalité que j’entends
Or : Die realität, die ich höre
En : The Reality I hear
Sabrina Hubert
Allemagne • 2015 • 30’
VO : Allemand • ST : Fr, En
Berlin Weissensee School of Art : kh-berlin.de
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