Mon journal de ta chimio

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Un cancéreux sous chimio demande à son amie de le filmer pendant qu’il s’arrache les cheveux. Quelques mois plus tard, elle lui fait parvenir son journal. Bien que le dispositif se présente comme brutal et concret, le film est pourtant imprégné de détails et d’ambiguïtés énigmatiques sur les personnages – lui incroyablement amusé, elle, dont la voix dure se fait parfois cruelle – et leur relation, d’une singularité franche, propice à notre identification. Mais c’est surtout dans le décalage entre le discours intime et la situation filmée qu’est révélé le paradoxe amoureux, qui entremêle le désir, dans la vigueur et la vitalité d’une jeune relation, et la frustration de ne pas pouvoir faire totalement corps avec l’autre, qui doit lui-même lutter contre son propre corps en l’intoxiquant par la chimio. Au-delà du dégoût du morbide, et jusqu’à l’agacement qui s’immisce dans la relation, tous deux en proie à de nécessaires considérations prosaïques, le film explore ce que signifie soutenir une personne malade dont on est amoureux, à la lisière de la possessivité, de l’insensibilité, et de l’égoïsme. (Raphaëlle Irace)