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SÉANCE SPÉCIALE : Projection suivie de débat avec Jean-Louis Comolli, réalisateur, scénariste et écrivain. “Chère Clio, j’ai vu ton film que je trouve (évidemment) très remarquable et étonnant. La bande-son (qui est là pour que l’on s’y raccroche) est fort belle. Les quelques plans où tu montres des bâtiments, des coursives, etc. sont également très beaux. Je ne dirai rien de plus des longues plages de noir, qui se suffisent à elles-mêmes et dont, si nous nous voyons un jour, je discuterais la pertinence. Que faire de ce l’on ne veut ou ne peut pas montrer ? Du cinéma, par pitié ! Il s’agit toujours un peu de frustrer le spectateur. De lui réapprendre son infirmité au coeur de la puissance illusoire du « voir ». Ta logique est donc juste. J’espère qu’on en reparlera. Très amicalement, je t’embrasse. JL Comolli”
Cette question, adressée par les services de l’immigration aux demandeurs d’asile au moment de présenter leur récit de vie, cerne d’emblée le dysfonctionnement du traitement du droit d’asile en France : aléatoire, négligeant et désastreux. Dans un jeu de suspicion, de manque de preuves et de crédibilité mensongère, les juges sont eux-mêmes démunis et seule leur intime conviction décide du sort des requérants. Un système institutionnel basé sur une convention inadaptée, à l’image des salles démesurées et pompeuses du Palais des Nations à Genève, où elle a été ratifiée. Un film important, dont la parole se déploie dans un noir qui canalise l’attention et renforce le sentiment d’une désapprobation impuissante, et qui honore la force du documentaire de pouvoir parfois forger des convictions politiques des plus constitutives d’une personne : celles acquises par la connaissance, la compréhension du dissensus et la déduction, bref, l’ intelligence,sans artifice. (Raphaëlle Irace)