Au petit matin, l’autoradio égrène les informations et les publicités. Les yeux dans le vague, silencieux, un couple et leur petit garçon semblent regretter ou désirer une autre vie. Vers où roulent-ils donc ?
Le style de Monday pourrait s’apparenter à celui d’une nouvelle : mise en place immédiate d’un décor, esquisse minimale des personnages, importance donnée aux micro-évènements et, enfin, la chute à l’aune de laquelle relire tout ce qui précédait. Pour autant, le trajet effectué s’installe dans une durée flottante qui semble convoquer plusieurs temps, plusieurs manières d’aborder les images : les plans aux chaudes couleurs de fin de journée sont-ils des souvenirs du week-end désormais révolu ? Ou bien une projection idéale, inaccessible, suscitée par la publicité que l’on entend ? Les gros plans de visages pensifs invitent à cette attribution subjective, tandis que la bande-son enveloppe les désirs de ses personnages d’une détermination sociale. Et la scène finale, sous la lumière blafarde des néons, achève de dissiper cette rêverie engourdie qu’on vient d’arracher au sommeil : trajet d’une mise en scène où aurait pu se lover un mélodrame vers l’austérité d’un cadrage documentaire fixe et frontal. (Pierre)
En présence de la réalisatrice
Monday
Laura Carreira
Royaume-Unis • 2016 • 10’
VO : Pt • ST : Fr, Eng, SME
Edinburgh College of Arts : http://www.eca.ed.ac.uksite
lauracarreira@live.com